Dans l'histoire (d'amour, évidemment) de la Belle et la Bête, en premier on s'étonne, et puis on admire. Mais il ne faut pas s'arrêter là, à cette perception en porte-à-faux sur les préjugés.

On s'étonne que la Bête puisse susciter un tel sentiment de la part de la Belle ; que l'on admire, bien sûr, pour son absence de discrimination, son total rejet du moindre sectarisme.

On admire aussi la Bête, qui a su éveiller un pareil amour, malgré tout.

Mais on oublie souvent que la Belle, sentimentalement, "y trouve son compte", loin de la superficialité.

... Que cet amour (toute considération sensuelle mise à part) la rassérène et l'enrichit ; tout autant que, à l'évidence, il absout la Bête de sa disgrâce apparente.

On omet parfois la réciprocité d'un tel miracle : les deux, ont de la chance : n'omettons pas cette empathie.

C'est cette synergie improbable qui permet à chacun de se transcender. De grandir ...

Non pas une quelconque harmonie des contraires, périlleuse et ostentatoire ; mais une exceptionnelle authenticité, assumée, respectée, et même recherchée

L'illustration pourrait en être donnée par ce duo de haute volée entre Vanessa Paradis et Willy DeVille sur "Stand By Me" (de Ben E. King).

Une façon de valider l'évidence : la synergie puise en amont de quoi alimenter la fontaine magique ; jusqu'à ce refrain spectaculaire où la doléance se trouve ourlée de certitude ...

— Stand by me (Willy Deville & Vanessa Paradis) —