The Final Cut


En 1997, le dernier spot est passé à lui seul une bonne quinzaine de fois, pendant environ 2 mois (record absolu, puisque le contrat usuel ne prévoyait que 2 diffusions de 3 mn par semaine). Last, but not least * ...

- Ce qui est burlesque : cela s'est produit parce qu'autrement la "lucarne" restait vide, car les concepteurs étaient alors déjà en (pré-)licenciement de leur poste, suite à une décision du ministère (gouvernement de gauche) , (ou ensuite devenus victimes d'un total ostracisme sur le plan local - dans une municipalité de droite).

En période de "cohabitation" vous êtes forcément suspect pour les uns, et renégat pour les autres ... De même, en cas "d'alternance" vous serez "grillé" de partout, "tricard" à jamais ... Sauf engagement personnel, résolument partisan et garanti indéfectible, ou vocation incoercible prête au martyr, tout rapprochement de la création avec la politique conduit à se brûler les ailes ...

C'est pour ça que, serrer la main d'un politicien, peut en effrayer plus d'un, car cela présente quelque similitude avec le baiser de Judas : ça craint. De toutes façons cf. Pour expliquer le fameux échange de répliques au salon de l'agriculture entre un passant et le président).
Pour un artiste plasticien, l'investissement personnel (n'importe qui peut exposer à New York : il suffit de sortir le cash) pour l'intégration au marché de l'art, est tout aussi pernicieux : ce qui est dangereux c'est qu'arrive toujours un moment où les intéressés se disent que vous vaudriez plus mort que vivant ... ;-)

De la sorte il ne reste plus beaucoup de voies ascensionnelles : depuis que la Noblesse et le Clergé ne jouent plus les mécènes, et que les sponsors industriels, tout comme l'Etat, ne recrutent plus que des mercenaires ... Ne reste plus que "la voix du peuple", (si tant est qu'il en ait le temps) ... pour légitimer l'extravagance.

- Et cela en dépit du fait que le commanditaire avait, dans un premier temps, jugé que cet exercice, sans son aval, pouvait constituer une "faute professionnelle" (donc sanctionnable, par une mise à pied sans licenciement du réalisateur; qui l'avait mis à l'antenne, après l'avoir produit à ses frais, en finançant tout y compris l'électricité des locaux ... Sauf la diffusion, quasi spontanée donc, dans son étonnant renouvellement ... {NB. Soyons lucide : Une redondance explicable davantage par un trou à boucher dans la grille, que par une solidarité des techniciens, (pourtant réelle à ce niveau hiérarchique)
/ Mais la présence à l'image de la présidente de la fédération a sûrement favorisé son changement de regard sur une telle opportunité, et fait que le fusil changea d'épaule (même si on voyait aussi un gigantesque poster du Che derrière elle ....)
Néanmoins la qualité formelle du spot fut une condition nécessaire et suffisante, indéniable, pour jouer les prolongations.
Cela "tenait la route", malgré le désaveu récurrent de l'employeur (un comble !) en toute occasion, et l'indifférence neutre du diffuseur. (Qui fut "palpable" si l'on peut dire, quand il fut question de recommandation écrite de sa part (les collègues aquiessant verbalement... En disant "tu n'as qu'à rédiger toi même le résumé pour ton CV, on l'imprimera sur le papier à en-tête ... La disquette s'est perdue en remontant dans la hierarchie, toujours frileuse sans doute de laisser la moindre trace, au delà des ressacs liés à chaque élection ... Néanmoins toute confirmation téléphonique va de soi ...)

“ Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage ” } ;

- Et en dépit du fait que cela ne servait plus à rien de promouvoir le calendrier qui y était évoqué, sensé renflouer en partie les caisses de l'employeur en difficultés, et sa popularité "citoyenne"... (L'organisme consumériste maître d'ouvrage : Une des structures para-institutionnelles de simili-fonctionnaires ou "assimilés", dont les subventions furent supprimées, (par le gouvernement socialiste de Jospin), après plusieurs décennies de présence continue dans "le cahier des charges" de la chaîne de service public.)

* Ce spot comprenait 2 parties :

Une première où l'on tentait d'expliquer pourquoi l'émission allait probablement disparaître.

(Exercice, passablement narcissique, difficile : trouver le ton entre déploration façon looser, et harangue vindicative façon syndicaliste ... La solution se présenta, comme souvent par hasard, en faisant lire le texte à une personne complètement extérieure à ces tracas : un jeune prof devenu SDF, qui campait dans un parc, loin des regards. Sa diction, héritée de son ex-profession, était d'une concision inégalée à ce jour (pour ce qui nous concerne) permettant par sa rapidité très intelligible de donner un maximum d'information. Par ailleurs ce marginal était très féru de philosophie Taoiste (c'est ainsi que nous avions sympathisé) ce qui donnait un certain charisme, "zen", à son commentaire off.

Pour l'anecdote, étant d'une cordialité non feinte, et plutôt beau garçon il réussissait à s'adapter à son nouveau mode de vie avec discrétion, sans s'exhiber pour faire la manche, pas encore en rapport avec les services sociaux , mais plutôt en louant la solidarité citoyenne de quelques personnes bien intentionnées ... Il a du plier bagages après que les policiers aient entamé sa tente à coups de cuter.
(Nous ne l'avons revu que l'année suivante, en vélo : il sortait de prison "pour avoir piqué une colère" ...)

La seconde partie proposait un calendrier (comme ce fut à la mode quelques années plus tard, mais sans tomber dans le racolage de mauvais goût) quadrichromique, dans un style tramé assez moderne, montrant le chat noir et blanc, mascotte de la maison, ainsi que des chatons tout mignons, - Du classique : succès garanti)


Malgré tout, quoiqu'on en dise dans les rédactions et les pools de reality-show, l'opinion publique n'aime pas trop "les gens à problème" ... Et, surtout, n'a pas l'habitude de s'impliquer dans son propre devenir de télespectatrice (surtout si on la sollicite sur le fond, sans pipolisation de surface ... ) Le feed-back qui suivit fut relativement faible, en tout cas inopérant.