> DES GENS ASSIS
 
DES FAUTEUILS VIDES
Ou comment s'assoir sur les conventions ...

 



 dépêche insolite :

"CHABROL A DIT : asseyez-vous "

 
* Claude Chabrol vient de lancer (un peu à son corps défendant) une proposition pleine de bon sens (c'est l'une de ses spécialités, le bon sens).  
Il a fait deux heures durant, toute sa conférence ("un cours de cinéma" truffé d'anecdotes, et d'analyse philosophique rudimentaire, mais efficace) assis par terre, les jambes ballantes sur le rebord de la scène, comme un pêcheur à la ligne sur un quai poissonneux ...
Ses interlocuteurs les plus prestigieux étaient assis par terre, dans les escaliers du forum (du fait de l'affluence importante), ou sur le même rebord de scène, en laissant la table basse et les confortables fauteuils "d'intervenants", vides derrière eux.
 
(Vides, comme on l'affirme des caisses des États, des banques, des fonds de pension ; vides comme l'inspiration des artistes spéculateurs ; vides comme les poches de nombreux petits actionnaires, des « travailleurs pauvres », ou des chômeurs dénantis Etc.) :D  

Le vide, comme si quelqu'un manquait ...
Le vide, comme s'ils avaient tous fait faux-bond !
Comme si on les avait tous "virés" (ou empêchés d'entrer, ce qui revient au même ... On reste dans l'arbitraire.)
Ou comme si les Instances auraient fait un "bide"! Dans une salle comble ...

 
La proposition (implicite) promue par ce renard cinéphile (et cinéphage) : que, dorénavrant, les réunions d'importance (suivez mon regard ... G20 & Cie) se fasse ou bien assis par terre, comme le font les indiens d'Amérique (et, pour la plupart, les africains lors des palabres, les asiatiques etc. ), ou encore debout.
 
Ce serait la fin de l'hégémonie des gens assis ! (notables, technocrates etc.)

 :sarcastic:  

“ as-soyez-vous ! ”
c-à-d  “ sois toi ! ”

 
NOTES de travail :

Entre autres choses, le maître (- je pèse mon mot) a affirmé :

"Il y a une lutte des classes entre deux ensembles A et B. Le problème c'est que A déclare que la lutte est finie.
Tandis que B n'a absolument rien dit à ce sujet.
"

Pour ceux qui douterait de l'engagement social du plus célèbre de nos réalisateurs, (et du bien-fondé de l'implication de cet acte de dissidence), il n'ait qu'à regarder l'ensemble de son œuvre, pour pouvoir constater la constance de son regard critique.
Transversal, dans une production ô combien prolifique (car c'est une "exception culturelle" à lui tout seul : il y a toujours un Chabrol de derrière les fagots), et preuve indubitable d'un "savoir-faire" (comme disent les américains ...) réfléchi,
(Mais non manichéen : ce que d'aucun qualifieront donc de "pervers").

LE sujet des films de Chabrol : « En parlant de la "classe laborieuse" (comme on disait auparavant, avant le chômage de masses) on ne fait que décrire une situation, [décrier un état de fait, déplorer, sans vision d'ensemble]. Tandis qu'en parlant des exploiteurs, on traite aussi du sujet des exploités ».

La volonté de débattre, assis sur un quelconque « ground 0 » improvisé, va de paire avec une fascination pour les escaliers. Le plan d'escalier le plus fameux selon lui, qui se prétend (en dépit de son humilité légendaire) expert en plans d'escaliers au cinématographe, c'est dans "Notorious" (Les Enchaînés d'Alfred Hitchcock)
L'escalier symbolise explicitement une ascension avérée, vers un niveau de conscience supérieur (chez le spectateur, cela saute aux yeux...) ; tout autant qu'une possible dégringolade, qu'une plongée dans les enfers, bien sûr ...

En général, Chabrol nous donne une clef, et non pas une promesse de révélation, ou un avis dogmatique. Il propage la sagesse, par la pratique de la raison (vecteur majeur du raisonnable, pondéré ; avec paradoxalement, et simultanément, un constat de folie - récurrent).
Épicurien et pragmatique, il atomise l'hypocrisie hégémonique, et vandalise les conventions mortifères.

Ainsi, rappelons les faits : bien manger (correctement : dans la convivialité), et discourir assis par terre !

A l'issue de ce festival, le film choisi par cet auteur, authentique flibustier du cinéma français, pour représenter sa carrière (et à l'occasion, "afin de retrouver Isabelle Huppert", diligentée pour lui remettre le prix d'honneur pour l'ensemble de son œuvre) était "Rien ne va plus".
(!)

UN DEFI : “ Ce serait la fin de l'hégémonie des gens assis !  ”

Puisque nous traitons des gens assis, plus ou moins légitimement (c-à-d installés, dans leurs prérogatives ; tout en "s'asseyant" dessus les initiatives spontanées ...) précisons que la "notabilité" peut frapper aussi la caste des artistes ...

Un vaccin existe.

Adam Stramgram : “ le livre de Gilles Deleuze "Qu'est-ce que la philosophie" ne fait pas que répondre à la question du titre, mais aussi à celles de "qu'est-ce que l'art ?" et "qu'est-ce que la science ?", les trois questions étant liées par le fait qu'elles répondent de diverses manière à la question de la créátion - basiquement, le scientifique crée des fonctions, l'artiste crée des percepts, et le philosophe crée des concepts. Sur ce point d'ailleurs un ami mathématicien ne semblait pas trop d'accord concernant l'activité du scientifique... Enfin c'est a peu près ce dont je me rappelle !  ”

> Lecture primordiale (mais un peu hardue : les témoignages audio-visuels sont bcp plus limpides) que ces ouvrages de Félix Guattari & Gilles Deleuze (écrits à 4 mains, comme la plupart du temps : un exemple fusionnel unique dans la pensée moderne - même en interview séparée, ces deux là sont en binôme "rhizomique" ... L'un fulgure (FG) d'idées révolutionnaires, l'autre (GD) met en perspective, trouve les référents connexes etc.)

C'est vrai que le livre, il donne un sérieux coup de plumeau à la notion artistique, pour dépoussiérer le travail accompli par Freud (qui en était resté au "totem", grosso modo) et Marx (qui trouvait ça tout aussi "démobilisateur" ...) !

Parce que, appréhender l'art, ça n'est pas forcément se faire du mourron (- blanc)
(là il y a comme un blanc... Sinon c'est "poivre et sel" ...)


 dépêche insolite :

Le PDG Robert Nardelli, en 2008 pendant la "Crise Financière" (c-à-d le hold-up des banques par les banques), a affirmé devant le Sénat qu'il était prêt à se contenter, pour salaire annuel, d'un dollar (1) le temps de redresser sa société, Chrysler. Un pro de la fortune peut jouer à l'intérimaire : c'est ça le luxe !


 
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ARTISAN de l'ART


 

Un artiste est un artisan qui ne refait jamais la même chose. Et qui signe, quand même.

S'il provoque une empathie, c'est encore mieux. (Il est soucieux d'harmonie).

Mais, tout ça, c'est un chasser-croiser entre l'intime, et l'universel ...


Pas vrai ?

 

" un artisan, doit être productif "
C'est pour ça qu'il y a une différence : l'artisan, lorsqu'il est satisfait de sa création (et la clientèle aussi, cela va de soi - cela vient de lui) il recommence (à peu de chose près : on n'est pas des machines, tout de même !) L'artiste bifurquera sans doute vers une suite possible (ce qui est une autre prise de risque) ...

" Un artisan , il travaille tous les jours "
un artiste travaille tous les jours, et toutes les nuits aussi (son inconscient peut être mis à contribution ...)
C'est un état d'esprit. L'air que respire un artiste est le même que le nôtre, mais il en fera autre chose. Un peu comme l'artisan : son esprit transforme son environnement immédiat.

A part ça, j'ai l'impression que le meilleur moyen de contrer le piratage, ça ne sera jamais la repression organisée par des institutions, mais davantage l'amour (et le respect, par conséquent) que peut porter le public à certains de ses artistes favoris ... A des individus authentifiables, comme peuvent l'être les artisans ...
Mais je peux me tromper (je débute, en la matière).


Il conviendrait de réhabiliter l'inestimable !!!

 

Je trouve que :

  •   1/ la différence entre artiste et artisan est épaisse comme une feuille de papier-bible (et qu'il me semble que ça dépend des moments, pour chacun)
  •   et 2/ la valeur d'une création ne dépend que du regard qu'au moins un individu, autre que l'auteur, peut lui porter.
    Mais on sait bien que les prix, comme les horaires inscrits sur les reservations de train, sont le plus souvent bidons (par exemple).
  •  (Et je suis convaincu, humblement, qu'internet ça sert à ça : à mettre tout le monde sur un même pied pour faire part de son vécu. C'est aussi ça qui est "inestimable".)

    Souvent, le prix n'est qu'un prétexte, sur un marché (un vrai) ... Ce qui compte c'est de pouvoir improviser ; non ?

La lutte des Classes aujourd'hui, elle se situe entre ceux qui disposent d'un ordinateur, et tous les autres ...


“ Je comprends votre émoi, compte tenu de la panade où se trouve l'expression artistique dans ce pays.
Mais, dites-moi, que vaudrait une production artistique où il n'y aurait que "du sens " sans aucun savoir-faire ?
Par exemple Chabrol, (que j'ai eu la chance de rencontrer il y a peu *), va très loin dans la revendication d'un savoir-faire (il va jusqu'à la cuisine ... ;) )
Le sens(ible) coule de source, pourtant, dans les films de cet auto-didacte ...
 
Ensuite je précise bien que l'artisan (pourtant plus créatif que le salarié standard ou que le spéculateur, par exemples:pfff: ) se dispense parfois d'innover.
Il en a le droit, lui. Il peut se copier, se répéter. Il l'assume (ce qui n'est pas toujours le cas des artistes, dont, de toute façon ce n'est pas la fonction).
Un artiste signe obligatoirement : donc il s'engage. Il donne de lui davantage (et se met donc plus en péril - alors on peut comprendre l'instinct de survie propre à l'artisan).
 
Par ailleurs, signalons, que l'enseignement de l'artisanat est tout aussi défectueux (puisqu'on préfère prendre des intérimaires que des apprentis, qui "coûtent" trop cher ... Y compris pour l'enseignement, où la qualification est parfois douteuse.) :heink:  
 
PS/ l'identification (nécessaire ?) ne me semble pas évidente pour la survie du cinéma ... (et là je suis plus radical que vous : il me semble qu'il y a une place pour le Video-Art et le cinéma expérimental, sans narration ... En tout cas, ça pourrait ...)
J'ai l'habitude de prendre pour exemples des  films comme 2001 l'Odyssée de l'Espace, ou Easy Rider, où l'alliage est exemplaire (et le public au rendez-vous). ”
:ouch:


Il (l'Ordinateur ... de l'Ordre Supérieur) nous a pris sous sa coupe ...

A mon avis il n'y aura pas un seul et unique ordre mondial, tant que la planète sera coupée en 2 (cf. la fameuse "Lutte des Classes" : entre ceux qui disposent d'un computeur, et les autres ...)
Parce que pour l'instant, ça fait désordre ...

Je dirais même que ça fait négligé !

(On néglige, tant de paramètres, que les calculs sont caduques avant même d'être formulés ... Ex: le chômage (en particulier en occident), la culture vivrière (principalement au Sud) etc.)


Citation :
"Face à la violence des images d'actualité" [...]

Alors une première réponse serait de dénoncer la complaisance des médias ("audiométriqués" ) , et de réclamer une certaine sérénité dans le traitement des actualités !


Une chose me rend optimiste : c'est de constater que les gens ont en plus qu'assez d'être (dé)considérés, comme des N° !
(Les exemples, récents, nouveaux, ne manquent pas pour illustrer à quel point le client n'est plus roi, le salarié n'est plus remercié que pour qu'il aille se faire voir ailleurs (au chômage), l'usager n'est plus qu'un suspect, et le contribuable qu'un déserteur potentiel ; cela dans l'optique institutionnelle, en voie de privatisation généralisée).

Des progrès sont ensisageables, si l'on considère que les citoyens ne sont pas seulement des "contribuables" (un foyer sur 2 ne paie pas d'impôt sur ses revenus), ni des "électeurs" (les records de participation sont rares), mais bel et bien un public, face à des acteurs à leur service (public, donc).

Dans cette "société du spectacle" (décrite par Debord, et constatée de visu), on peut penser que les ringards seront sanctionnés (le public boycotte ce qui est toc, malgré les grosses promotions ; il jette les plagieurs, il filtre les arnaqueurs) ; et on constate que bien souvent les outsiders ont toutes leurs chances. (Le bouche à oreille est la règle d'or : personne n'aurait parié un kopeck, sur Bienvenue chez les Ch'ti  (un concept déjà plus ou moins exploité sur scène, sans poursuite de voitures, sans psychologie mono-nombriliste etc.) alors que ça a fait, en France et ailleurs, la boule de neige que l'on sait ! - Comme une revanche, pour ce coin de campagne, qui fut en son temps choisi pour que les nations du monde se rencontrent afin de se faire 2 "guerres mondiales" ... La comédie efface le champ de bataille ... )

Les manifestations les plus marquantes sont de plus en plus des manifestations artistiques. Qui visent un public, dont personne ne saurait se dispenser.

Prudence : reste à inventer des manifs qui ne soient pas complètement du show-biz !
(et qui ne soient pas écrasées, matériellement et virtuellement (financièrement) par la loi sanctionnant le "dépôt d'objets embarrassant la voie publique sans nécessité" ... comme le furent le D.A.L. et les Enfants de Don Quichotte, en s'occupant des S.D.F. )

Certainement, le clown est triste d'être perçu comme un ballot dans le caniveau ...


Citation :

"La mondialisation a-t-elle réduit la puissance du syndicalisme, en France particulièrement ?"

La poésie est l'ultime subversion.


Dans le duel qui a opposé en son temps Chaplin à Hitler (personnages-cultes à la même époque, bien que Chaplin avait un peu d'avance dans la notoriété), c'est ce dernier qui s'est fait organiser une projection privée (voire plusieurs) de l'oeuvre du bouffon Charlot (cf. Le Dictateur, à l'audience internationale), et non pas l'inverse !
...
La partie n'était pas gagnée ! Ni pour l'un, ni pour l'autre ... sans le secours des industriels (qui, à l'époque, n'en avait rien à faire de l'opinion publique (restreinte, compte tenu du peu de surface de la couverture médiatique d'alors).
Ce n'est pas l'Art qui a fléchi devant l'exécration policée : ce sont les producteurs qui ont choisi "la facilité" ... (C-à-d, plutôt que de se lancer dans une industrie comme le cinéma naissant (noyautée par "des artistes bohèmes, des juifs et des communistes" ... et même des français ! c'est bien connu : des irresponsables, des imprévisibles ...) ;-) , ils ont considérer qu'il valait mieux faire fabriquer à la chaîne (c'était nouveau aussi, "la chaîne") des millions d'obus par les femmes, pendant que leurs paysans de maris seraient au front ... Tout en intégrant chaque nouvelle invention (radio, chars, avions etc.), au "salut de la Nation", dans une optique de "croissance durable" ...)

Le grand père de J.F.K., ce président tiraillé entre Marylin et la C.I.A., (entre Las Vegas et "la Baie des Cochons") est un autre exemple de ce choix à la fois politique et culturel, - indépendant de la volonté des populations - puisqu'il fut l'un des banquiers d'Hitler (pendant que son fils crapahutait au combat contre l'Allemagne... Pas étonnant que le petit-fils serait devenu alccolique ! ... son père s'est enrichi pendant la Prohibition ...)



A ce propos voir aussi le film "Un fauteuil pour deux" (ou l'équipée sauvage d'un SDF, avec un fils de famille, un major d'homme et une prostituée, face au "capitalisme financier" pris à son propre piège)... (avec l'épatant tendem Eddie Murphy, Dan Aykroyd (ex Blues-Brothers), et la ravissante Jamie Lee Curtis, déjantée juste ce qu'il faut !)

Pr Fox

 
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