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PALMARES
D'OUTSIDER
Rimage fit l'acquisition de chacun de
ces premiers digitaliseurs, ainsi que de l'une des 50 premières imprimantes
à jet d'encre (Sharp JX720) arrivées en France pour enfin restituer
l'imagerie numérisée sur papier, avec le meilleur rendu possible à cet instant (bien
que couché sur kaolin, avec un joli velouté de rendu,
extensible grâce au rouleau de papier de plusieurs centaines de
mètres, [sur 0,70 de large], on ne tournait qu' à moins
de 500 DPI, et il fallait 5 cartouches, rechargeables avec des
seringues, onéreuses, dont une pour le mystérieux liquide
de nettoyage des buses, logé dans une grosse cartouche à
part, sollicitée à chaque extinction de l'imprimante).
Ce matériel nous permit la conception d'affiches (au tramage tellement apparent, surtout en 4x3m,
on dira volontairement ... finalement). Ainsi que la mise sur cimaises de
quelques expositions (pour étonner la galerie ... par cette cybergraphie
séminale ; la méthode fascinant alors plus que le sujet, il faut
bien le reconnaître...)
On se souvient des premières "photocopies
en couleurs", vers 1985, avec le procédé Kiss (en fait, des
clichés instantanés sur papier cybachrome) qui nous permirent avec
l'aide gracieuse de "dissidents de la Butte" (Montmartre) de proposer
des"Portraits Inventés", après avoir photographier nos aérographies
originales ; ainsi que peu de temps après, de dupliquer des captures d'écrans
- argentiques - (avec une sorte d'entonnoir géant plaqué sur le
tube cathodique, simili "chambre noire" ... importée d'on ne
sait où, à St Denis, pendant un temps très court ...)
On se rappelle aussi une nuit blanche, en
1989, grâce à l'amabilité et la passion d'un
prestataire (patron sous-traitant, pionnier du domaine
pré-presse *), passées à conformer une flasheuse
de secours pour le postscript de notre béquane atypique ... Ceci afin d'obtenir enfin des films
quadrichromie pour l'imprimerie (où l'on s'arrachait
les cheveux, mais pour d'autres raisons, de noviciat ... Avant de se ruer sur les pots de fluo ... ;-) )
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" SYSTEM D, pas D'
! "
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LES TRETEAUX DES CONVENTIONS
Grâce à l'apparition de l'ordinateur
individuel à bas prix (Amstrad pour la bureautique, et surtout
Atari pour le multimédia, ou Amiga : la Rolls du peuple !-
MacInTosh figurant plutôt la Bentley, hors de prix) nous avons
sauter les barrières.
En effet, dans le monde entier (à St Pierre & Miquelon,
comme chez les Indiens d'Amérique, en passant par la Picardie)
le pré-carré des professionnels s'est vu annexé, ("à l'amiable"), par
des particuliers, organisés en réseaux de passionnés (un
petit peu via internet déjà, qui balbutiait, mais surtout par une
presse dédiée, façon "fanzines" comme dans la culture
BD / Rock).
D'ailleurs, compte tenu
de l'impensabilité des téléchargements (Internet
n'était pas encore la norme standadisée, plusieurs réseaux
existaient en parallèle, tous très lents... - C'était
l'époque du minitel, aussi (amusant, mais guère folichon
pour ce qui aurait été de l'audio/visuel) - et conséquemment
à l'usuelle contrainte qui voulait que les échanges
soient circonscrits à la capacité d'une disquette (ou
d'une cartouche Syquest, puis d'un Zip, [autour de 50 Mo (!)], lecteurs/enregistreurs
nécessaires pour peu que l'on soit en contact avec des professionnels)les
amateurs éclairés en vinrent à organiser des
Conventions, avec vidéo-projecteur et sound-system.
Un peu pour le commerce dédié, mais surtout pour le plaisir de confronter
ses recherches solitaires. (En général, 3 jours "de paix
et de musique", non stop : un salon quasi-improvisé sur des tréteaux,
entre les bières éventées et les U.C. éventrées
... Pour un brassage total de l'information.
La seule lacune dans cette mouvance, plus
sensible en ces occasions tribales, était déjà
l'absence d'orientation claire dans le textuel. Pénurie de
discours fédérateurs, de mise en perspective un tant soit
peu politique, de constat alphabétisé {comme ce fut le
cas pour les mouvements dadaiste, surréaliste, symboliste,
beatnik, psychédélique, etc.} Une poésie
simplement suggérée ... C'est cette "quête de
sens", qui brillait par son absence, qui amena le retour du Rock
après les errements, vite récupérés, de la
Techno. Il reste un champ exploratoire à défricher, pour
une musique electro mâture ...)
Là se retrouvait
une petite foule cosmopolite, de techniciens, d'artistes en herbe (les cadors avaient du retard), de journalistes spécialisés,
de distributeurs foncièrement pas vénaux, de novices
curieux, de touches-à-tout ébahis, pour assiter à des projections, tout en confrontant les matériels
périphériques que réalisaient de petites
entreprises naissantes.
Autour de ces tréteaux (montés très tôt
...) l'ambiance ressemblait plus à une réderie ("raiderie", "vide-grenier", brocante etc.)
qu'à un salon professionnel, habituellement plus "distingué" (c'est le but ...), ou rustiquement utilitaire ... Là,
il y avait du rêve, de l'exhutoire ... On jonglait avec les
étoiles, tout en mettant les mains dans le cambouis ...
Là se retrouvaient donc, ados "branchés", technocrates en dissidence,
(tout comme leur pull... sans âge ! ;-) et sans a-priori), mordus
de musique dite électronique, ("mais pas que"), passionnés
de "demos"*, artistes grapheurs ("infographistes" non mercenaires), journalistes en orbite, virtuoses du tourne-vis, guerriers
du fer à souder, eco-warriors en perdition, esthètes en goguette,
hard-rockeux en transit, petits commerçants en apnée, cyber-saltimbanques
en extase, et chômeurs proches de la sidération ... :-)
Avec un sentiment commun, qui devait ressembler à celui des premiers chrétiens
dans leurs catacombes ! :-D
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"DEMOS" :Démonstration de programmation
informatique hyper compacte / "compilée" ou en open-system (code
libre d'accès), avec souvent des jeux, prétextes à animations
(2D/3D), des images calculées, et avec même du son (!)
Le contenant prévalait, (la programmation, donc, hissée
au rang des Arts modernes), et presque pas le contenu en tant que prétention
esthétique (même si des critères de satisfaction étaient
partagés). Avec l'impératif aussi de tenir sur une disquette (deux
au maximum - pour limiter les frais de postage) ...
Des groupes de concepteurs, plus ou moins fameux, occupaient "la
scène" (l'underground, proche des hackers, et autres trublions
échappés du minitel ...)
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(Rien
à voir avec le "multimédia" powerpointé des conférences BCBG - là, ce sont les programmations [avec, mais surtout sans,
logiciel tout fait, ou à faire]
qui étaient en compétition, plutôt que les joueurs
eux-mêmes, le plus souvent anonymes, ou dissimulés sous
d'improbables pseudonymes de groupes (tout comme les musiciens des
diverses "scènes" electro)... Quand des concours avaient lieu,
à ces occasions, on ignoraient même qui étaient les
auteurs parmi la foule qui gravitait autour du projecteur - le robot MC (= maître de cérémonie)
par excellence ! N.B. On ignorait alors cette pratique d'égos
mutistes aggripés à leurs platines comme dans les
boîtes de nuit - la musique semblait "venue d'ailleurs" ...)
Vecteurs d'émulation, et jalons de
convivialité - Les petites annonces
concernant le matériel, aussi, étaient l'occasion de
déplacements au travers du pays pour lier connaissance (avec des
individus d'une incroyable diversité, mais branchés sur
la même évolution créative, dans un même
élan) pour simplifier les investissements ... Mais avec un
état d'esprit différent de celui des Collectionneurs
divers, (qui ont le même genre de pratiques relativement
insensées) : aucune nostalgie là, mais un vrai
élan post-moderniste (tous concernés dans cette quête d'une "furieuse
élégance" ... programmée.)
-MATRICS-
UNE
LIBERATION : Pour la première fois
dans notre existence (et dans l'histoire de nos sociétés,
depuis le début du XXe siècle, telle qu'on nous l'a racontée), l'Art est devenu un moteur, un vivier de projets respecté,
et même une activité poussée sur le devant de la
scène ! Il ne s'agissait plus d'une "valeur refuge"spéculative,
ou décorative, ni d'une "communication" exécutée
à toutes fins utiles, par stratégie, dûment canalisée,
mais d'un axe, apparemment incontournable du progrès (qui,
comme chacun sait, est essentiellement technologique dans notre monde).
Une charpente surélevée, sans garde-fous ; une façon
d'étayer, de mettre debout ...
A l'évidence,
une synergie science/art entrait en piste, avec ce rôle
salutaire, octroyé simultanément par de plus en plus de
gens éminemment raisonnables (aptes à bousculer leurs
habitudes), et par des originaux de tout poil, très prosélytes
une fois convertis. Un rôle qui fut longtemps inquiétant,
mais qui rassurait, une fois devenu familier. Celui d'un ressort civilisationnel,
vaguement prophylactique. Un rebond, pour le moins.
Tout est parti de cet élan créatif
démultiplié à la fois par les concepteurs
informatiques et les artistes "multimédias". (Se souvient-on que
la très respectable Lyonnaise des Eaux, institution
séculaire, s'est vu métamorphosée en la nouvelle
entreprise Vivandi, arc-boutée sur les arts combinés ; et
que toutes les vénérables institutions
gérées par les instances politiques ne lorgnaient que sur
les "Nouvelles Technologies de la Communication et de l'Information", (comment
ont-elles pu à ce point confondre création et information
? Cela restera un mystère, mais témoigne bien de la distance
entre leurs préoccupations et l'effervescence en cours ...)
Que ce soient les jeunes teufeurs, les étudiants et/ou les night-clubbers,
les intellectuels, les techniciens, les politiciens et les journalistes,
bref, tout ce qui a pignon sur rue tout en étant ouvert sur le
monde, ne jurait plus que par l'avénement de la cyber-culture.
Une onde de choc encore plus forte que l'apparition sur les écrans
de la Star Academy, c'est dire !
La "bulle économique" n'avait pas encore tenté de
phagocyter le phénomène, et la "génération
internet" n'était même pas encore une vue de l'esprit.
Tout semblait possible. Et harmonieusement.
Pr fox
C'est de là que tout
est né. *
Et c'est
comme ça que l'industrie informatique a pu jaugé de sa
viabilité, selon des critères extra-culturels.
Parce que
"quand on aime on ne compte pas", surtout à ce prix-là,
(cassé pour l'occasion, mais déjà cheap - Deluxe Paint,
le meilleur logiciel graphique du monde, inégalé à
ce jour (ergonimie maximale, fonctions d'animation incroyables,
puissance exhaustive), tournait pour moins de 1000
F d'investissement ! Faisant corps avec la machine, il entrouvait
la porte d'une mutation picturale (et sa mise à jour, si on arrachait la couv. du manuel pour la
renvoyer en guise de preuve in extremis de fidélité, valait
500 F- port compris) Il fallait vraiment être privé "d'argent de poche" pour penser pirater dans ces conditions !
(même si chaque nouvel opus de logiciel créatif était
testé par ce genre de copies illicites dès son arrivée,
avant de fixer son choix personnel).
Même si le copiage allait bon train ... Mais, c'était
"en plus". Dans une sorte de rituel de la disquette ... entre
conspirateurs. (Les fameuses démos, étaient faites exprès
pour être dupliquées - vendues quasiment au prix du
support, c'était davantage pour le sport ...)
C'est
ainsi qu'on pouvait rencontrer d'autres passionés, à des
kilomètres de sa ville, ou, surprise, faire connaissance avec un
voisin du quartier qui utilisait la même "bécane" que soi
... Le rayon informatique d'un grand magasin du centre ville, par
exemple, pouvait aussi servir de QG, à certaines heures, pour
ces rencontres "échangistes" de jeunes frappés de
collectionnite ... ;-)
Et avec le Domaine Public (Open Source) aussi, l'esprit
était au partage. Autant que possible (rappelons qu'internet
n'était, à ce moment crucial, qu'une vue de l'esprit),
par des réseaux de cyber-révolutionnaires un peu
"allumés", distribuant à prix coûtant des
disquettes, de fans pour les fans.
Mais
on pouvait d'autant mieux tabler sur le nombre, en étant
attractif ... (Plutôt que d'en faire un "sport d'élite"
pour nantis, peu nombreux mais prêts à dépenser
assez - comme le fit Apple, avec tous les constructeurs d'alors qui
misaient sur des segments de marché plus larges et la
fabrication en série pour baisser leurs prix, mais tout en
restant dans la même logique extra-culturelle (un disque dur externe de 500Mo coûtait
5000f - presque 1000 €).
Tous ces constructeurs, stratèges d'une révolution à leur insu (exceptés Atari & Amiga,
mais sans avoir conscience véritablement de l'ampleur du
séisme), avaient à lutter contre des
préjugès tenaces, plutôt méfiants envers la
cybernétique, en faisant un pari sur le progrès qui
gardait en soi une éthique proto-libérale, à
l'ancienne ...
Ainsi
dorénavant : PC = Personnal Computer (dans l'esprit des
instigateurs, un beau pied de nez aux oligarchies communistes, une
victoire dans l'investissement de l'inconscient collectif). La
puissance de "l'an 2000" déjà à la portée
du particulier, rendez-vous compte ?!
L'injoignable Computeur Institutionnel avait fait des petits, et libre à chacun d'en adopter un !
Mais
si personne n'avait fait ces sacrifices initiaux, pour s'initier, de
par un peu de passion, une sincère conviction, ou simplement le
goût ludique du nouveau, le marché n'aurait jamais
décollé (pour que les prix puissent profiter d'une
production qui, dans les milieux professionnels, allait s'imposer en
plus grande série). Il a fallu faire comprendre que le
régne de la "machine à écrire" était
terminée ; et, last but not least, convaincre le cadre qu'il
allait deésormais faire le travail de sa
sécrétaire (ou de sa "dactylo"), tout en y trouvant des
avantages.
Ainsi il s'avérait, si l'on en croyait cette effervescence, que les circuits
[imprimés] auraient bien finalement du "contenu" ...
(Les fabriquants de boîtes [de Pandore ? comme les consoles de jeux.
à venir... bridées, monot‰che], et plus tard de tuyaux, [comme
les premiers providers d'internet], avaient quelques doutes sur la question ...
Ils ont vite trouvé le truc : faire en sorte que chacun devienne
"envoyé spécial", l'auteur du récit de sa vie, et
commentateur émérite, via "le portable" ! D'ailleurs pour se faire une idée
de la jubilation qui submergea les terres arides jusque là dévolues
à l'informatique, il vous suffit de vous remémorer votre première
approche de l'un de ces téléphones "sans fil", avec
ordinateur "embarqué" ... ;-)
* C'est cette révolution qui a porté la
connaissance à tout un chacun, le savoir gratuit, la
transparence géopolitique mondialisée, la création
artistique décloisonnée, la puissance de calcul à
tous, la respectabilité à portée de la main, un
Obama à la présidence, et les textes sacrés
tibétins à l'abri loin du vandalisme chinois ...
Cosmic Dreamers
MIEUX QUE LES CONQUISTADORS !
MIEUX QUE LES CHERCHEURS D'OR !
"À L'OUEST", "AU SUD", DES ESTHÈTES
DEMIURGES DÉCALÉS / ENCORE PLUS FORT
QUE LA CONQUÊTE SPACIALE OU DU GRAND NORD !
"À L'EST" DES MIRADORS : CYBER-WARRIORS !
Cyber-Warriors .../...
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