« L'électricité “standardisée”,
et l'eau “courante” ! »
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R'n'R & Jazz en Méditerranée : Episode avant-coureur
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L'UTOPIE DES “PIEDS
NOIRS” :
Le Rêve "américain" Méridional !
Je
me suis rendu compte récemment (j'ai mis du temps à apprécier l'Histoire-De-France ; déjà au lycée
...) que, à un moment précis,
Alger était la capitale du pays.
Co-optée, par opposition à l'autre,
qui lui avait précédé : V i c h y.*
NB:
Algérie : Egalement le lieu d'un contre-pouvoir militaire passager, mis
en place sous l'impulsion de Roosevelt, favorisant Giraud pour
neutraliser De Gaulle (perçu comme un dictateur potentiel, et
visiblement trop radical pour laisser faire une main-mise
franco-britanique dans l'après-guerre - ces alliés avaient déjà
imprimé la réglementation pour ce faire ...)
Une
mégalopole mythomane (l'épicentre de la nation des apatrides)
mais bon-enfant (à la croisée des chemins),
un nexus utopiste, un laboratoire de la débrouille, un carrefour
intellectuel, un point de rencontre farouchement culturel, et autant
que possible apolitique (ou "néopolitique", pour
alimenter la conversation à l'apéro ...)
*
(Sans remonter à Lugdunum « Capitale des Gaules » Etc. -
Lugdunum dérive de deux anciens mots
gaulois, Lug désignant le dieu suprême de la mythologie
celtique et dunos (la "forteresse" ou la "colline"), l'ensemble désignant
donc « la forteresse de Lug » ...
(Un
sanctuaire !)
EPICENTRE
Souvenons-nous
aussi que c'est lors d'une intervention notoire à Alger
le 24 février 1965, que
Che Guevara* fait son dernier discours sur le devant de la scène
internationale, en se mettant à dos le Parti Communiste
de l'URSS, tout en étant déjà banni auprès
des capitalistes version CIA, cela en proclamant, ce qu'il
faut bien appeler un Tiersmondisme, alors
assez inédit.
* (Ecrivain
utopiste ayant eu sa période beatnik, sur deux roues,
depuis l'Argentine au travers de l'Amérique du Sud,
avant de devenir médecin, puis guérillero,
puis ministre, puis vagabond-conférencier,
et reçu là par Ahmed Ben Bella et de nombreux
intellectuels ["altermondialistes" avant l'heure],
deux ans avant son raid fatal en Bolivie.
Il dénonça à Alger une collusion entre
les ennemis jurés de la Guerre Froide, dans le but
d'exploiter les pays du Sud (qui, selon lui, devraient être
"armés" - économiquement autant
que stratégiquement - par les pays industrialisés...
Une lucidité plutôt visionnaire quand on on
sait que plus tard les USA armèrent les talibans,
dans une région longtemps occupée par les
soviétiques !
Une
conférence qui devait lui rapporter, plus qu'un jeton
de présence,mais une sorte de fatwa soviétique,
une rupture défintive avec son île d'origine,
les foudres de l'Occident, et , "sa croix", le
poids d'une Troisième Voie sur les épaules,
longtemps incomprise des médias...)
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En
effet, il s'est passé un consensus miraculeux en Afrique du
Nord.
Et quelle a été la première initiative de Charles
de Gaulle une fois élu au suffrage universel (urbanités
grandioses pour le come-back du général, donc, avec
un nouveau costume, civil) ?
De retourner à Alger pour savourer son triomphe, et le partager
avec ce peuple qui lui avait offert ses suffrages (un bain de foule
à l'américaine, motorisé en DS décapotable,
avec sans interruption, plein de confettis et de bouts de papier en
suspension dans l'air. Une sale journée pour les annuaires,
et les journaux périmés ! –
NB. à l'époque il n'y avait pas encore ces monceaux
de publicité inutiles dans les boîtes aux lettres ! On
ignorait royalement le Gâchis ! (sous toutes ses formes actuelles).
“ War
is Over ! ” - Et l'on voulait oublier toutes ces horreurs,
que les sombres années passées n'avaient pu occulter (malgré le peu de couverture médiatique, et l'asservissement
des commentateurs à des pouvoirs supérieurs).
Toutes ces incivilités récurrentes ne pouvaient
se concevoir que dans des zones barbares très reculées mêle
... Ou, alors, "en temps de guerre", comme on commençait
à prendre l'habitude de penser
(dans les populations, et non plus dans les casernements. Jusqu'à
Napoléon les guerres n'avaient affecté, parfois tragiquement, que le
destin des soldats - et de leur familles, cela va de soi. Mais c'est surtout au
20e siècle que l'on a commencer à pilonner directement les populations
civiles. Et à conscrire toute cette jeunesse essentiellement paysanne,
qui risquait "d'encombrer" autrement, dans les pays ayant découvert
l'industrialisation. Quand on songe qu'une simple bataille dans le Nord
de la France pouvait faire en une fois 100 000 morts de chaque côté !)
Car
ce qui m'a paru incroyable, c'est que dans le quartier « pied
noir » d'Alger, c'était la même ambiance qu'à Caluire (ou dans le
vieux Lyon) quand venait s'y rendre Jean Moulin (ou l'Abbé Pierre, bien
connu même au delà des traboules ; comme cet autre résident :
Jacques Roubaud, [poète, écrivain et mathématicien ; Membre de
l'Oulipo] ).
Une
ambiance de conspirateurs dans un premier temps ; puis une liesse
populaire inextinguible par la suite ! Dans toute la ville ; dans
le pays entier (pour peu que la radio s'en mêle, avec zèle)
!
Rock'n'Roll
! (sic : Bill Haley a déjà fait des siennes
avec ses Comètes en se pavanant dans les cinémas (les
"drive-in") ; James Dean impose sa silhouette dégingandée
dans l'horizon d'un Age d'Or incontournable etc. )
Ce
brassage géographique, due aux nouvelles technologies (bêtement
utilisées, comme à chaque fois, dans un premier temps,
à des fins belliqueuses) avait amené tout un chacun
à se repenser dans le monde. Une révolution Copernicienne,
passait de la théorie à la pratique. (Il y a peu de
temps encore, ça n'était pas rien de recevoir un "Ordre
de Mutation", pour la Normandie, destiné à un "appelé",
[comme on dit des mystiques ou des peuples "élus" appelés à se mobiliser, à se rendre utiles ] ...
Qu'ils soient Australiens, Touaregs, ou natifs
de Chatham Common, tous avaient maintenant ce suave sentiment que
l'enfer était derrière eux, et qu'une Terre Promise
(globalement appréhendée) restait à dessiner,
à peine esquissée par Picasso (pas le moins connu, des espagnols ayant pris la tangente face au fascisme), et portée aux
nues par Elvis Presley ... (chanteur exotique déjà relativement acceptable, jumelant le gospel et le cha-cha-cha, le rockabilly blanc avec le blues noir)
Une
authentique mutation, ivre de "progrès", et paradoxalement,
dans le même temps, romantiquement rousseautiste, se profile, frondeuse,
en réaction à l'approximatif institutionnalisé, beaucoup trop arrogant.
Une
mouvance plutôt encline à la pratique (passablement hédoniste), dans un
après-guerre se méfiant de toute sidération, est en marche. Son berceau
est la Méditerranée. C'est comme ça que se trouvent unis, dans une même
"idéologie" improvisée, (en pleine gestation, donc sans réelle doctrine
afférente, sans dogme parachuté, ni rivalités intestines exa-gérées.. )
-
-
Des militaires (certains [4 généraux en particulier],
devenus trop fameux aux yeux de l'État Major ; ou le gros
de leurs troupes, par conviction personnelle)
-
-
Des communistes (résistants de la première heure.
Mentalement les plus concernés par le danger des totalitarismes.
Vaccinés.)
-
-
Des riches colons qui n'avaient pas encore mis les voiles (non
pas parce qu'ils n'en avaient pas les moyens, mais parce que ceux-là
avaient une perception idyllique de leur patrimoine,
transgénérationnelle et sociale), les maigres entrepreneurs, leurs employés,
(Trop impliqués dans leur travail [et dans les légendaires "afters" festifs],
pour sombrer dans l'anticommunisme primaire, tout autant que dans
le prosélytisme télécommandé par d'autres éventuels
lointains pays) . /
-
-
et beaucoup de commerçants locaux (le négoce : le plus sous-estimé
des médias, catalysant l'opinion publique, avant que ne
surgissent les "grandes surfaces" ...)
{ Parce que les
clivages s'estompent, face à la menace d'être délocalisés
! (déjà !)
Cela conforte des liens déjà
assez prégnants entre les "exploités",
bronzés et fêtards, et les "exploiteurs",
plus cordiaux encore, depuis qu'ils étaient pris dans une
conjoncture frelatée, entre la menace collectiviste, en apparence
guère gérable (NB/ Israël n'était pas
encore un exemple ; anyway vite dégradé, comme on
le sait maintenant), et la menace d'un "rapatriement"
(- mais où est donc la Patrie ? Quand on aura le choix entre « la valiseuh ou le cercueil »), plus probablement encore funeste facteur de ..."chômage"
(disons-le
: un mot atroce en ces temps-là, employé avec parcimonie, et synonyme
thriller de la convergence de toutes les ignominies (in)imaginables).
Que
ce soit avant ou après l'esclavage, il n'y a jamais eu véritablement de
"lutte des classes " dans les colonies - puisqu'on pouvait négocier,
marchander, et même, à l'occasion, acheter sa liberté !. Une autre logique avait cours, celle les castes, pas marxisée ...
Exemple : Gandhi ne lorgnait pas sur le pouvoir
politico-économique : il préconisait que chacun tisse
ses propres vêtements, assis par terre chez lui ... Afin que chacun
puisse affirmer et affermir son autonomie.}
- - les commerçants.
(Bien sûr ! Puisque les clients et les fournisseurs sont réunis
sous la même bannière, ils ne vont pas se mettre à l'écart ! Besoin d'affabilité (rémunératrice,
qui plus est : c'est ça, être "commerçant" ! comme dans l'ancien temps)
- - la plupart
des fonctionnaires, ("middle class" montante. Directement en
ligne de mire, avec ces rumeurs incongrues "d'indépendance"
...)
- - les intellectuels,
et les « forts des halles », les manœuvres et
les dockers, les marins et les pêcheurs, les bergers, et les
bourlingueurs. Et puis quasiment tous les artisans locaux ...
- - les beatniks
(dont le « QG » est virtuellement à Marrakech),
et l'underground francophile d'alors... Ou les puristes indigènes,
dépositaires des traditions culturelles. (Même combat).
& Les poètes (dans l'âme ; ou bien établis,
assis) ; comme les fanas de plongée sous-marines...
(ça
fait du monde !)
UN
COSMOPOLITISME CHAMARRÉ
Rappelons
aussi que, parallèlement, la Tunisie constituait déjà un terrain
expérimental éprouvé, une zone inédite de cohabitation multiculturelle
(avec ses comptoirs ancestraux), intelligemment coachée par un Habib
Bourguiba, diplomate sans être effacé, farouche sans être despote, et
relativement en phase avec une population panachée prête à envisager de
nouvelles formes "modernes" de civilisation pacifiée, (c'est-à-dire,
à bien y regarder, traditionnelle, antéfasciste, post-crisis : les
livres d'histoire, comme la majeure partie des productions artistiques
romanesques ou cinématographiques, font l'impasse sur les longues
périodes naturelles où l'humanité a l'usufruit de la Paix, sans
atermoiements notoires).
Une mansuétude générée en réaction au traumatisme de la guerre (ce fut
le seul pays d'Afrique du Nord a être directement occupé par les
allemands, suscitant alors une Résistance, en particulier celle des
"Justes" arabes en faveur de la diaspora de leurs frères "israéliens",
ou "juifs" comme on disait à Vichy). Et une forte tentation
d'émancipation ; à l'écart d'une royauté comme celle du Maroc, autre
Protectorat français, où la violence fut également tempérée, malgré les
consignes collaborationnistes, mais d'une autre manière ...
Le roi du Maroc avait déclaré aux émissaires de Pétain : "Il n'y
a pas de juifs dans mon pays, ni d'arabes ; seulement des
ressortissants marocains". Et lorsqu'on lui livra
des milliers de ces étoiles jaunes à coudre
sur les habits des compatriotes locaux soudainement dans le
collimateur, il aurait affirmait "il en manque vingt !" - "Pourquoi vingt ?" - "Parce que c'est
le nombre exact pour ma famille et moi-même" ...)
N.B.
De la même façon que l'on a un peu vite oublié que des centaines de
camps concentrationnaires furent instaurés par Vichy en métropole, sans
consignes précises venant du Reich, (en fait, ces installations furent
optées dans l'urgence, pour "accueillir" la multitude d'émigrés venant
de l'Espagne* fasciste, ainsi que tous les agitateurs et opposants
politiques, dans la foulée ...) ; des centaines de camps (ne comptant
au départ que 30% environ de juifs, déplacés au travers l'Europe sans
autre forme de procès, sans autre motif d'accusation que leur
non-origine, tout comme les gitans) furent également à déplorer en
Afrique du Nord (essentiellement au Sahara*). La plupart de ces camps
furent rapidement détournés de leur usage premier ("maintenir l'ordre
public") pour servir de mouroirs industrialisés.
*
Comme quoi, ces histoires d'indépendances nationales
et de décolonisations, ça n'est pas originellement
un voeu des peuples, une dispute pays contre pays, mais un jeu
d'échec ahurissant (générateur d'ahuris,
donc), le jeu favori des Etats (factions dominantes) et des puissants Proéminents.
Au lieu de ça, reste une issue réactive ( une
"assimilation", nourricière, comme il se doit)
, méthodique et joviale (ouvertement ludique : une
propagation, organique, libertaire sans doute), de l'indépendance
individuelle face aux Pouvoirs de l'Ordre, occultes le plus
souvent ; centralisés sans nuances.
Une
lutte à mort, finalement nécessaire entre deux
approches réfractaires : entre le monochrome,
terne mais omnipotent (fort de sa simplification outrancière,
mais toujours tributaire d'une toile de fond inversée,
cernée en négatif, pour se détacher, pour
être discernable), et le chamarré, camaïeu versatile et provoquant, (toujours gagnant,
au bout du compte : l'arborescence - preuve d'un épanouissement
dans la maturation, ne peut que succéder à la
réductrice formulation binaire, remise à plat,
que nous venons d'évoquer.)
Hors
de l'Ignorance et de sa faconde racoleuse, dans la "transparence"
(c'est-à-dire l'honnêteté spontanée) soigneusement entretenue, voici
une croissance sans rémission, sans marche arrière disponible : la
seule alternative est de l'abattre - fière proposition déficitaire - ou
de la laisser croître ... Sage résolution : les heureux événements, les
découvertes cruciales, les grands pas en avant, sont forcément issus de
l'imprévu, et sont le plus souvent le fruit du hasard ...
Il faut se faire une raison, la Connaissance est définitivement
insoluble dans les prévisionnels ; non soluble dans
le fiel ...
(On ne peut distraire éternellement l'oiseau migrateur
de son instinct ; ni divertir longtemps le renard hors de
son terrier ...)
Même sans drame, une féconde pulsion séminale
va systématiquement vers la convergence,
dans l'inconnu. À l'inverse, étayé seulement par l'Ego, un tel
échafaudage monolithique conçu en aparté, artificiellement unifié, et
tellement imposant qu'il en donne le vertige, est fatalement doté d'un
destin tragique : celui de se sacrifier pour "faire des petits",
organismes tous différents. Tous égaux. Irréfrangibles, et contents de
l'être.)
"R'n'R
will never die"
L'esprit
Rock'n'Roll est loin d'accepter tout de tout le monde, mais
il se base sur des critères comportementaux, quasi-moraux*,
et non pas sur des phobies collectives, entretenues "d'en
haut".
* (cf. la fameuse devise révolutionnaire, francophone,
"Liberté, Egalité, Fraternité",
prise au pied de la lettre : après l'époque
des "camarades" rouges, est venue dans les sixties
celle des "copains", cf. "Age
Tendre et Têtes de Bois" ; aujourd'hui ce
sont les "verts" qui tentent de canaliser l'élan
à la fois écologique et altermondialiste, mais
en n'évitant pas l'écueil d'un esprit partisan,
dogmatique.)
Il
y a incompatibilité entre la notion d'"égalité" et la moindre forme de
hiérarchie (les rock'n'rollers plaisent parce que précisément ils
ressemblent à leurs auditeurs, fréquentent les mêmes lieux, bien que
ponctuellement ("punktuellement"...) postés sur le devant de la scène, - totem
momentanément focalisateur, puits de chaleur dressé au milieu des
miroirs convecteurs dans un station productrice d'énergie solaire ...)
Bigarré, l'esprit Rock'n'Roll se protège des
apparences uniformes (nous parlons bien d'un état
d'esprit, d'une éthique, et non pas de la récupération
"rock" opérée par des instances publicitaires
ou militaires !), il se méfie des "honneurs" lorsqu'ils sont au pluriel (ce qui n'est pas toujours
le cas dans le Jazz, qui peut trouver que, ça aussi,
c'est cool : l'élitisme d'ans la notoriété,
la gloire [éphémère baudruche] plutôt que la reconnaissance [symétrique] ...)
; mais cela n'empêche pas certains circonscrits
d'avoir la R'n'R Attitude, certains vétérans
de faire preuve d'imagination, certains néophytes de
se montrer aptes à l'improvisation ...
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+
-
-
les enfants (naïvement, contaminés par la jubilation,
downtown), les ados (pro-occidentaux "embrigadés", par des tracts très enthousiastes, lancés depuis
des hélicoptères en forme de banane)
-
-
les mères de familles (adeptes récentes des produits
Moulinex, qui
annonçaient une révolution, domestique celle-là ! [Il était question
d'un "aspirateur" automatique"]. Or depuis l'arrivée sur le marché de
la maison Frigidaire, on était assez convaincus des bouleversements
annoncés dans les réclames ! Et plus encore sous ces climats ...)
-
-
les retraités, les bon-vivants
-
-
les simples d'esprit et leurs ouailles
-
-
les métropolitains comme les algérois ... Finalement
les algériens dans leur ensemble, (les miliciens FLN,
rabats-joie, n'en étaient qu'au stade du recrutement - pour
mettre l'huile [d'olive"] sur le feu) En comptant les Kabyles,
bien entendu (cf. " Là-bas...
mon pays" le beau film d'Alexandre Arcady)
-
-
les chiens et les chats, les chacals et les ânes, sans oublier
les coyotes et les sauterelles grégaires ...
Tous se rêvaient
« français » !
De la tête aux pieds. Sans aliénation.
(Comme dans un mythe ... Proche de celui du "rêve américain" ...)
(C'est-à-dire
que l'on se voyait "néo-français" - engagés dans une "3ème
voie",
plutôt que dans cette pathétique alternative manichéenne :
l'Indépendance sèche, ou la colonisation archaïque...
(On percevait mal quel bien-fondé obligerait tout berger à prendre les armes, soit dans le maquis, soit dans la gendarmerie ...)
Un compromis novateur, même mieux que le Protectorat Tunisien ... Des "citoyens du
monde" avisés, sans être des touristes en goguette, ou de casaniers
xenophobes ... Les acteurs d'un libéralisme à échelle humaine
("artisanal") sous son aspect le plus conciliable avec le lien social ; les zélotes
d'un communautarisme émancipé sans la pesanteur bureaucratique ...)
Avec parfois une double ou une triple culture (et non pas une absence
de culture, passe-passe lénifiant ...et ersatz économique)
"Français", pas allemands, non italiens, ni espagnols, ni russes
(quoi qu'on en dise), certainement pas chinois, ni luxembourgeois,
ni même parisiens (capitale cahotique où l'Etat de René Coty ramait sévèrement).
Du tact
au tact ?
On n'était
"pas aidés !" (leitmotiv polyvoque très usité alors), puisque les politiciens américains et anglais n'avaient
strictement rien prévu pour l'après-Hitler. (N.B.
à part, initialement, de coloniser la Terre de France : ils
avaient déjà frappé la monnaie !) Et, mis
à part le bout de désert concédé à ce peuple humilié par les nazis, durement atteint
{mais en faisant abstraction des gitans, et autres peuplades moins
représentées que la tribu des amateurs de jazz, comme les lecteurs de
Kerouac, ou les porteurs de lunettes ...} ...) Rien de vraiment structuré hormis le partage de Berlin.
En faisant la synthèse de ces deux postulats, on peut se dire
que l'idée de mettre des poètes et des philosophes aux
commandes n'est pas si absurde que ça ! (Un Aimé Cesaire
a apporté la preuve qu'il savait y faire)... Et la démarche
n'aurait certainement pas d'effets plus mortifères au bout du
compte, que la main-mise admise de ces suicidaires tenants d'une unique
grille de lecture forgée d'aberrations économico-économiques
...
En attendant,
les choses n'étaient pas simples en ces temps là, plus
que troubles, pour la caste politicienne à l'Elysée
; les gouvernements se succédant à la vitesse où Maurice Chevalier enregistraient ses chansons.
Coutumes
et Us
Il
faut dire que ni Freud, ni Marx, ni les édiles du capitalisme
n'avaient prévu les contorsions sociales que pouvait
induire la pratique assidue et prolongée de La Sieste !
|
Avec
ses amabilités connexes ...
Ni
personne n'avait évalué pleinement la rebellion
qui pouvait s'ensuivre si l'on tentait de la maltraiter ...
|
Or le clivage
sociétal venait de là. C'est que les forces productivistes
ne l'entendaient pas de cette oreille ! Et la plupart des autres,
dans le camp d'en face, celui de l'Unité retrouvée,
n'entendaient plus que d'une oreille ... (forcément, à cause de l'oreiller ... Il n'y a que le hamac, pour ne pas trop étouffer
les sons avoisinant ...) trop affairés à bâtir
ce nouveau Nouveau Monde.
Fallait-il
que l'on ait atteint un état de grâce à ce point
transcendant, pour que les ex-fascisants
(les plus à craindre n'étant
pas nécessairement parmi les militaires), ou les pro-libertaires (cf. révolution des moeurs, recherche de LA pillule etc.), les endoctrinés (volontaires) comme les
réfractaires, individualistes forcenés (j'ai
bien dit forcenés, pas encore aliénés. Nuance),
se donnent ainsi un idéal commun ?!
Avec une "feuille
de route", immédiate ! La même à St Germain
des Près, dans la Belgique de Charles Trenet, ou à la
Goulette, pas loin du vieux port de Bizerte ! (Tous ces endroits nombreux
où la branchitude faisait ses premiers pas ...)
Une
utopie fiévreuse, une prise de conscience fervente, momentanées
(mais fruit d'une Histoire récente, cruelle dans l'adversité)
qui allait se casser la figure par :
1/ L'instrumentalisation d'une minorité d'individus, payés pour être conditionnés.
L'exercice
de la Loi-du-plus-fort, c'est à dire le recours aux armes.
Le déclic du déclin (le cliquetis d'une gachette)
fut l'impact d'une bavure, sciemment orchestrée (par des
intermédiaires d'intermédiaires).
Car
cela ressemble à une menace pour le Pouvoir Centralisé,
lorsque l'armée et le peuple sont sensibles au même
discours, lyriques et embrasés, de certains leaders, gagnés
par une sincérité inattendue ... (Malraux et
ses pairs faisaient des émules, en matière d'exacerbation
du Verbe : la barre était placée haut ! - Ce qui
n'empêchait pas qu' à bien des égards le cri
de ralliement fut "Houba-houba", et la mascotte : le Marsupilami
!)
Ces
prises de position d'une fronde ultra-populaire, bon-enfant mais
très bâtarde, fermenent décidée à discuter des orientations capitales, quitte à remettre
en cause le pouvoir étatique, allaient par conséquent
encourager la répression, dictée depuis Paris. Tout
comme les attentats (guère urbains, même si majoritairement
citadins) de quelques extrémistes incontrôlés,
allaient définitivement valider la répression aveugle.
Celle
de la Fusillade de la rue d'Isly, le 26 mars 1962.
(Des bidasses inexpérimentés, utilisés pour
le maintien de l'ordre, pris au piège comme par exprès,
pendant une simple marche pacifique des riverains). Un ton, volontairement
très désobligeant ! (Malgré les « halte
au feu ! » lancés par les passants, gendarmes compris
.. .)
Un
événement qui fut un peu le Altamont de
la contestation patriotique.
(Rappelons,
pour les néophytes, qu'Altamont fut le point
noir (certains auraient bien voulu le point final)
de la protestation hippie dans les 70's.
Il s'agissait d'un concert voulu par les Rolling Stones,
avec d'autres groupes de rock, (dont certains avaient
joué précédemment à Woodstock - mais pas les Stones, précisément),
qui regrettaient de ne pas avoir leur nom gravé dans ces dates
historiques de la Contre-Culture, compte tenu de l'ampleur sidérale
qu'avait pris ce(s) énorme(s) rassemblement(s) anarchique(s) (mais
pas tant que ça : grâce au zèle
des organisateurs, de the Farm en particulier, et avec
l'aide des citoyens du cru, et des hélicoptères,
il n'y eu aucun accident majeur).
Une fois l'autoroute condamné, par les voitures
abandonnées, cette rave-party dionysiaque fut
décrétée 'catastrophe nationale"
pour 3 jours.
À Altamont, en revanche, un spectateur (qui avait eu le mauvais goût de
viser le chanteur avec un revolver) fut tué par le service d'ordre,
confié au Hells Angels, passablement énervés d'avoir du garer leurs
bécanes loin de la scène, et auxquels quelqu'un avait cru bon de
fournir des bouteilles d'alcool fort de 5 litres chacune...)
Un
film live a été réalisé (en partie produit par une association bien-pensante),
et la presse s'évertue encore à en faire
le symbole de l'arrêt de mort des idéaux
"Peace and Love" ...
|
“ Je
vous ai compris ! ”
Les échos du "Je vous ai compris !" du grand
Charles, prennent alors des résonances macabres ... La
prise de conscience est immédiate, et les valises déjà dans la voiture ... Ce sera l'exode de millions de personnes. Le mot nouveau d'ordre : "Tout mais pas ça
!"- Une capitulation (toute proportion gardée, semblable,
dans l'esprit, à celle de Coluche en 1980, après qu'il ait menacé
de se présenter aux élections présidentielles
...)
A part que là, ça tournera vite à la guerilla ... Mais, il est bon de
préciser que les pieds noirs n'ont pas vraiment été "chassés" comme on
le dit, ni n'ont "obéis" à un ordre de repliement organisé (oxymore !) pour favoriser
l'indépendance, ils ont plus sûrement fait le choix, collectivement, de
renoncer à une guerre civile.
"La Paix, c'est plus que l'absence de guerre. L'Amour, davantage que l'absence de haine."
Un bon sens apaisant qui était inconnu au sein des 3
protagonistes officiels : l'Etat (aux prérogatives douteuses, mais ramifiées), l'OAS
(rigidement contre l'indépendance : maladivement réactionnaire ; tandis qu'en Tunisie
s'est rapidement esquissé une notion progressive de Protectorat,
qui coupait l'herbe sous le pied des belliqueux patriotes intégristes,
comme des va-t-en-guerre indépendantistes), et le FLN (parti
pour l'indépendance, à tout prix. Au prix fort : fataliste.
Afin de s'accaparer le pouvoir rendu disponible... C'est-à-dire, contre
tout et envers ...)
La
montée en puissance de la mobilisation populaire pacifique,
était proportionnelle à la profondeur des convictions,
et au simple goût d'une sagesse pragmatique, mise en application
avec gourmandise. D'ailleurs l'utopie des Pieds Noirs s'est poursuivie
après
l'Indépendance
: un nouveau monde était à bâtir, et tout
restait à faire ... (Par exemple Georges
Arnaud
[l'auteur entre autres du Salaire de la Peur] s'installa
en Algérie pour fonder une école du journalisme
...)
Ce
n'est pas pour rien que l'anarchiste Albert Camus fraya avec les
intellectuels impliqués dans cette mouvance : l'heure était
venue de proposer une alternative sociétale très
inspirée de Proudhon.
2/ La realpolitik binaire permis "le tout
et n'importe quoi (ref. Portnawak) qui tue dans l'oeuf, mécaniquement
(puisque ce n'est même pas pour son profit) les élans
humanistes civilisationnels.
La
non transparence restant l'atout majeur de ces pratiques criminelles
(puisque malheureusement les nouvelles technologies de la 3ème
génération n'avaient pas encore accompli leur cyber-révolution).
Vrai
fautif : le manichéisme rampant, gravement sectaire,
dans la géopolitique menée par des irresponsables
(mais qui n'hésitent pas à outrepasser leurs droits,
en fonction de critères biaisés). Cela continuera
avec amplitude, par l'hégémonie insatiable de la
C.I.A. et du K.G.B. durant cette "guerre froide" où les
victimes de chair et de sang résidaient de préférence
... en Amérique du Sud (cf. le féroce duel Allende
/ Nixon- Kissinger) ... Quand il ne faisaient pas partie de
la famille Kennedy, pour prendre des exemples indiscutablement
funestes ...)
Fut
fatale (? *) la routine idéologique (livrée à la délicatesse des
apparatchiks, comme des maccarthyistes ou assimilés ; c'est à dire
l'inverse de l'improvisation conviviale, spontanément expérimentée en
ces derniers temps bénis, près des rivages de la Méditerranée).
* Néanmoins, nul ne peut affirmer avec certitude quelle
sera l'issue de ce combat entre les forces d'Inertie obscurantistes,
et la Poésie vécue par les citoyens autonomes.
Un
désir de liberté exprimé, (notamment
depuis que le jazzman défroqué Louis Jordan a
enregistré "Let the Good Time Roll" en 1952-3, juste
avant que le folkeux Carl Perkins ne bouscule la country avec
son "Blue Suede Shoes"), via cette pulsion caractéristique
de la Rock'n'Roll attitude ; qui connaît des regains fulgurants
(comme dans les sixties sur la Côte Ouest, dans les seventies
à N.Y., dans les eighties partout ailleurs, d'Amiens
à Tokyo, et dans le siècle suivant, plus qu'il
n'en faut ... pour ne pas y perdre un peu de son âme poétique.)
Mais,
quoi qu'il en soit, l'ennui bureaucratique (à son paroxysme),
ainsi que la mercantilation des produits culturels (balbutiante),
faillirent avoir raison progressivement, (sournoisement, quand ce n'est
pas cyniquement), du Jazz et du Rock'n'Roll, (et du Raï ° !) comme des
envies de Tour de Babel !
° (feminin à l'origine, puis transversal ("cross-over")
un peu comme abouti dans le travail commun de
Rachid Taha & Steve Hillage)
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L'UTOPIE
MERIDIONALE !
A Brand New World !
La jonction d'une apogée occidentale (occident tout de même sinistré par 2 guerres mondiales),
avec un regain de la culture arabe (autrefois rutilante mais depuis passablement éteinte) :
Redemption Song !
Pourtant
depuis la Libération, les
français (chrétiens, juifs, musulmans,
ou agnostiques, bouddhistes, Etc. et bientôt rejoints par les
pro-nucléaires) représentaient le
prototype d'un peuple
affranchi :
-
Peninsulaire point de chute de toutes les invasions / Un
peuple "affranchi", à
son tour, de l'esclavage (germanique en l'occurrence) ;
-
et
"affranchi", comme on disait dans le Milieu
(du Roman Noir,
alors à son top : un séisme socio-culturel, soit
dit en
passant. Le pop-art existait déjà en
littérature,
niché dans la "littérature de gare" : Chester
Himes et
Jacques Prévert ! Simenon et Dashiel Hammet ! Vernon
sullivan et
... Boris Vian Etc.), pour qualifier ceux qui
n'étaient pas des
"caves", subalternes panurgiques, ignorants des percées
psychédéliques.
-
"La
gestion de père de famille" tellement à la mode
juste
avant la Crise de 2008, présentait dans cet autre
espace/temps,
géographique et idéologique, un
caractère
indéniablement péjoratif ... Le commencement de
la
liberté, c'était de ne pas avoir de dettes, de
créances (pour garder son "crédit", en se
regardant dans
le miroir le matin au réveil.)
Un
peuple-phare, incarnant la
quintessence du monde "civilisé" occidental. (C'est comme ça. Et cela ne
datait pas
d'hier : on parlait déjà français dans
les cours des rois et des
reines d'Angleterre, d'Autriche ou d'ailleurs en Europe ; ou encore
dans les bureaux d'Hailé Selassié ...)
Inconsciemment
les américains,
solidaires pour conclure la guerre, reconnaissaient leur propre
faiblesse en ce domaine : leur Histoire était courte,
amputée même,
et les jalons extérieurs étaient bons
à prendre (
- à condition de bien vouloir se sortir la tête du
sable, bien
entendu, plutôt que de faire l'autruche dans la
médiocratie.)
Tous
assistaient à l'avènement d'un peuple re-suscité,
pionnier du cosmopolitisme et promoteur des Droits de l'Homme !
Et
paradoxalement, une part de plus en
plus grande des français, dans un feed-back
inversé, se reconnaissait dans le
"rêve américain" ...
Sous le
soleil de ce berceau de l'humanité, à l'ombre des
oliviers, se projetait le Melting-Pot américain, mais avec
des nuances locales. Un folklore nettement plus bariolé, voyait
le jour. (Les racines arabo-andalouses y étaient pour beaucoup ... comme le soulignait Yves St Laurent).
Ce
mixage, quant à lui, avait l'avantage de n'avoir pas
tellement été entaché par une
Ségrégation à grande échelle.
Leur
réapprendre la politesse !
(Rappelons-nous
le contexte, avant que Rosa Parks, le 1er décembre 1955,
ne refuse de céder sa place dans le bus à un blanc
et ne déclenche le Mouvement des Droits Civiques.
Une
impudence qu'elle n'aurait pas
tentée, sans le lynchage trois mois plus tôt,
d'Emmett Till
(citadin de Chicago, âgé de 14 ans, ayant
sifflé une femme blanche
dans la campagne de son grand-oncle du Mississippi, où il
était en
visite. Sa mère, qui avait rapatrié le corps
supplicié du jeune
effronté, dénonça le simulacre de
procès. Et exposa
courageusement les méfaits de la beaufitude (le mari et le
beau-frère de la pseudo-"victime" avaient
été acquittés
aussitôt par un jury de red-necks).
Ainsi,
une Insurrection incontournable,
se lovait dans les synapses, après la fin de la Guerre de
Sécession,
depuis que les paysannes se mettaient du rouge à
lèvres, donc.)
Un
Modern Eden (le
"post-moderne", en art [architecture, mobilier, décoration
etc.]
ne datant que de la fin des sixties, si je ne m'abuse ...) A
Clearwater Revival rêvant de l'An 2000, comme on disait à l'époque où
les radios et les juke-box avaient un look intersidéral, les mobiliers
rivalisaient de design anguleux aux couleurs fraîches (L'art Moderne
suivait les principes du Bauhaus : "la fonction crée la forme" Etc.),
et les bagnoles des pares chocs chromés comme des obus (tout comme les
soutient-gorges de ces demoiselles ...)
Modern Style ! Jusque dans les coupes de cheveux !
Dans à peine 50 ans ce serait l'An 2000, et déjà on voulait un avant goût de ce qui est si bien décrit dans les livres d'Anticipation
qui faisaient flores depuis que le roman de gare bénéficiait du format
"de poche". En effet, avec cette miniaturisation la Science Fiction
stellaire fut à son top !
Un Nouveau Monde occupait les esprits depuis peu. On se rend soudain compte que l'Age d'Or est arrivé ...
La bouteille de Coca Cola, avec son logo fait d'arabesques (!) arrivait sur le marché (avec un peu de retard par rapport à la métropole)
; et d'ailleurs, dans ces régions vinicoles, on l'achetait plus pour
son esthétique, et sa symbolique, que pour son contenu ... ("Les
américains ont fait savoir que si on n'achetaient pas cette boisson
marron, que l'on dit faite avec du pétrole, ils arrêteraient d'importer
notre champagne" disait le père à son enfant récalcitrant, habitué
de la limonade (celle du limonadier ambulant, avec ses pains de glace),
ou du Fanta bien jaune ou bien orange - ersatz fantaisiste imposé
subrepticement dans les pays des agrumes : un comble (de paresse :
c'est le principe de la capsule qui faisait son chemin). Mais, que
voulez-vous, l'heure était à la fantaisie !
Alors "vivons avec notre temps !" et buvons ces boissons
pétillantes, qui laissaient, lorsqu'on en renversait sur la table en
formica, leur trace pendant plus d'une semaine ...
Tiens, le formica, parlons-en ! À ce moment de l'Histoire,
partout des gens mettaient sur le trottoir leurs tables old style
(Louis XVI, Renaissance etc.) pour s'équiper de ce
matériau "révolutionnaire" ! Ils se débarrassaient
de leurs buffets et de leurs commodes marquettées, pour les
remplacer par des "cosys" en aggloméré,
et des canapés en n'importe quoi, mais tellement plus conviviaux
que les fauteuils des générations passées,
plus conforme à leurs idéal, plus aptes à traduire
leur foi
au quotidien .
Bâtir
en étant or-ga-ni-sés. (Autrement c'est la cacophonie !). Plutôt que de
s'agiter comme pour chasser un traumatisme, avec des gesticulations
pour brasser de l'air.
Une grande sidération précède la résilience ... Nous sommes dans l'après-guerre.
le Déménagement
était dans toutes les têtes ...
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Les Révolutions ça n'est pas seulement tourner en ronds, c'est aussi un regard nouveau sur le monde !
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De
par un flux post-idéologique purement spirituel, (et
conforté par le nouveau Confort - mot clef des
50's - confort matériel disponible, porté aux
nues par la Science : une révolution caractérisée
par l'électricité "standardisée" (110v),
et l'eau "courante" à volonté !)
le Déménagement était dans toutes les têtes.
Même sans bouger de chez soi ... (Jusqu'alors on voyageait
beaucoup, mais on restait plutôt traditionalistes dans
l'esprit. Tandis que dorénavant on percevait la rotation
de la Terre comme une fuite en avant !)
Nous
parlons d'une époque où il n'y avait pas encore des check-points
militarisés de l'Alaska à l'ex-jungle subéquatoriale ! * (Pas encore
désertifiée ; des contrées vierges, comme le furent longtemps les zones
améridiennes, hors parallèles, avant que les pôles ne deviennent des
territoires à exploiter, dans les plus brefs délais du fait de la
surexploitation du reste du globe.)
* C'est
la logique ultralibérale qui fabrique des parias. On réquisitionne des
enfants, on les arme, on leur demande d'accomplir des manœuvres
utilitaires pour contrôler le terrain, et puis on les lâche dans la
nature quand on n'en a plus besoin (avec leurs armes mais pas de
munitions : la logique est donc très vite de se servir de leur
équipement pour se fournir en munitions, et en diverses choses
nécessaires à la survie. Pas tant en nourriture (drogués comme ils le sont, l'appétit manque) qu'en casquettes et joggings "de marque".)
Après
1870 les gens d'Alsace et de Lorraine grossirent les rangs des gens menacés
par les Prussiens. Ils s'exilèrent en France, dans des campagnes guère
disponibles, et en imposant un léger surnombre dans certaines villes.
Alors, on leur conseilla vivement de tenter leur chance là-bas en
Afrique du Nord.
La "colonisation" (cf. Colomb Christophe ) n'était pas une
volonté de conquête guerrière, si répandue de par le monde, pas un
mouvement de conquistadores en vadrouille, ou de repris de justice
échappés de justesse aux geôles européennes (cf. les Amériques,
qualifiées d'indiennes par erreur, puisque Colomb cherchaient à
rejoindre "les Indes", furent rapidement peuplées de puritains
mystiques et de bandits en rupture de bans : curieux cocktail !)
Auparavant,
les Croisés faisaient figures de brutes incultes, venues d'un pays "en
voie de dévelloppement", pour les habitants d'Arabie, beaucoup plus
raffinés depuis longtemps. De ce fait, à leur retour les Templiers
ramenaient un peu de Civilisation, et on leur était reconnaissant.
Napoléon partit explorer l'Egypte accompagné de savants et d'Hommes de Lettres, bien plus motivés qu'une simple armée de métier.
Oran
(Algérie), Alexandrie (Egypte), Carthage (Tunisie) étaient des
provinces exemplaires de mixité culturelle, pacifiée et "commerçante" (syn. "affable")
qui, dans la pratique, se moquaient naïvement de savoir leur
appartenance à un quelconque pays. Les frontières de leur Nation
étaient beaucoup plus vagues, plus universelles !
Elles se mesuraient, d'une table à l'autre, aux terrasses des cafés ; comme à St Germain-des-Près (mais avec plus de soleil, donc plus de soif ...)
Un melting-pot fébrile, avec, au casting (pour ceux que ça
intéresse, les distinctions au sein de notre espèce ...) :
- des
"blancs", c'est-dire
européens, (comme on le
dit pour les chats de gouttière, [cf. Tibert(s) divers] ; ou
pour les albinos),
- des
"noirs" (ou "marrons", comme on dit également,
pour les afro-caribéens "de couleur"...) Sans
distinction particulière (pas
nécessairement influencés par les cultures de
l'Afrique Subtropicale ...)
(Le
Sénégalais conscrit avait découvert
Gene Vincent, tout de noir
vêtu : une fois quitté l'uniforme des
Alliés, le "blouson
noir" pouvait sembler comme un clin d'oeil identitaire, pour des
rebelles déracinés. Comme une
prémonition du Black Power qui
conclurait la décennie.),
- des
kabyles, des arabes, (les
premiers à avoir "envahi" ces contrées,qui ne
furent pas toujours aussi
désolées, semblait-il, que depuis que la
désertification gagnait du terrain ...) et
quelques Touaregs, égarés loin de leurs dunes
(leurs tribus restant les dernieres à ne pas vouloir devenir
sédentaires ... "Some
people grow up, somme people just go"
(Nicklebag) Que l'on pourrait traduire par "Certains
grandissent, d'autres s'installent ..." )
- ou des
résidents "d'origine
judaïque", dignes représentants d'une diaspora
pleine de vitalité (avant
que d'alimenter,
un peu systématiquement, l'image de l'Injuste
Déchéance, et de
jouer les éternels martyres recroquevillés sur
leur pré-carré éternellement précarisé),
-
et "le blanchisseur asiatique" (comme
dans toute motion-picture qui se respecte ;-) !
Bref,
globalement, tout ce petit monde
(- de la même espèce, en fait : pour
encore beaucoup de ses
représentants, il serait temps de prendre connaissance que,
génétiquement, les "races" n'existent pas
!) se vivait
plutôt "américain", par certains
côtés. Mimétisme*
avec "l'ami américain" des adeptes du chewing-gum, des bas
nylon, du Coca, et des cigarettes blondes avec filtre ; et surtout de
grands fans de cinema, et de
musique made in USA (les
Beatles, basés à Hambourg, n'avaient pas encore
rendu la pop musique franchement anglo-saxonne)
Ainsi que d'une littérature dense et abondante, dont on a
déjà parlé, devenue
également un lien
social dans l'après-guerre...
*
(C'est bien connu : en sortant d'une
projection cinématographique, il est frappant de constater
que les
hommes adoptent la démarche du héros, et les
femmes sourient comme l'héroïne ...)
Dans les
esprits, Hollywood et Sidi Bel Abès étaient en train de fusionner. Marseille (une autre capitale, capitale !) et New York (les new-yorkais ont coutume de dire qu'ils ne sont pas américains, que leur ville est comme un Etat au bord des Etats Unis ...) se
faisaient
les yeux doux, pendant que, déjà, Paris
n'arrivait même pas à
comprendre sa grande banlieue ...
Parce
que, le consensuel se faisait
vindicatif, avec ces chants appuyés de la Marseillaise dans
les rues
d'Alger, de Corse (dans cet après-Guerre facétieux, pré-Evénements, la préfecture fut un temps
occupée par des
manifestants gaullistes), ou d'ailleurs - (Même les bolcheviques, avant
l'écriture de l'Internationale par d'autres français, l'entonnaient pour saluer les
"opprimés" ... On est
loin des considérations mediamétriques, sur les
stades de foot, de
la FFF !),
Et
surtout chacun cajolait l'utopie de
cette vieille idée d'une
« Algérie
Française »
(du même style que le "nous sommes tous des juifs allemands"
de mai 68), d'un « De-Gaulle,
au-pou-voir ! » (entres
autres slogans scandés pendant cette période
où il s'était rangé
des voitures, et où l'on parlait à nouveau de
démanteler le "Monde
Libre" ... On menaçait de le fractionner, de le quadriller !)
Oui,
ça fédérait grave, contre tout
ce qui semblait se présenter comme un pouvoir abusif.
Et
malpoli.
Pour vous faire une idée, ce rêve utopique a les yeux et le sourire de Claudia Cardinale :-)
(prononcer "Claöôudia Cawdine-allez "!)
(c'est vous dire qu'il n'a jamais eu la "grosse
tête" et les chevilles qui enflent de mégalomanie : humilité, et grâce
! Générosité et humour ... Etc.)
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